Georges Frank de Cuzey
De la sculpture statique au mouvement en lumière,
un artiste contemporain
Georges Frank de Cuzey est l’incarnation de l’artiste contemporain multiface et protéiforme.
Sculpteur, concepteur et graphiste, son travail d’artiste se fonde sur la passion du mouvement qui constitue la ligne directrice fondamentale de l’ensemble de son œuvre;
Au travers de ses productions il analyse et restitue le mouvement dans son essence pure ainsi que les métamorphoses qu’il induit.
PARCOURS ARTISTIQUE
- Au début de sa recherche, commencée il y a 60 ans, il s’est intéressé à la représentation d’un mouvement à un instant figé de son déplacement ( sculptures statiques, ” le pèlerin ” par exemple .
- Il a créé des “disques d’images “ qui déplacent des particules mobiles au rythme de la musique.
- Puis il construit, inspiré par TINGUELY, des mécaniques qui sont libérées de leur fatalité monotone ( mouvements aléatoires ).
- Enfin, avec le “Piano à dessiner”, il utilise la forme des déplacements d’une pièce de la mécanique sur laquelle il travaille pour composer des “mélodies graphiques”. L’informatique donnera à l’instrument des possibilités illimitées.
Tout est parti d’ici…
(Le pélerin)
…Pour arriver là
L’origine du cosmos
Voici résumée l’histoire des étapes du passage du statique au dynamique au service de l’art.
C’est l’histoire d’un voyage au coeur de la création qui vous est présentée maintenant.
Bon Voyage !
1956
Formation de Ferronnier d‘Art
dans l’Atelier de Robert LEMPEREUR, à PARIS.
1958 – 1965
SCULPTURES STATIQUES
Tout est parti d’un exercice : “que puis-je faire avec la forme d’une flèche ?”
C’est le type même de l’interrogation non orientée, une quête libre jusqu’à l’idée d’une solution !
… jusqu’à ce qu’elle se métamorphose dans la représentation de l’homme qui marche……
Sujet en mouvement, figé a un moment de son déplacement.
Georges de Cuzey sculpte divers sujets, homme ou animal “en mouvement” à un instant particulier de leur expression.
Moment figé du mouvement ou mouvement figé dans un moment, il utilise principalement les matériaux industriels métalliques pour ses œuvres.
(Cliquez sur les images pour les agrandir)
1965-1970
Période électronique
Utilisation de la valeur esthétique d‘éléments de l’industrie électronique
Toujours une question “libre”, comme précédemment :
Que puis-je faire avec les rebuts de l’industrie électronique qui me fascinent tant ?
A première vue, aucun rapport avec le Mouvement. Patience, vous allez voir comment l’électronique me conduit vers lui !
(Cliquez sur les images pour les agrandir)
1970-1975
Disques d’images
Comment utiliser la valeur technique et plastique des rebuts de l’industrie électronique ?
ATTENTION ! IL VA SE PASSER MAINTENANT QUELQUE CHOSE ! VOICI MES PREMIERS PAS DANS L’UNIVERS DU MOUVEMENT RÉEL.
J’ai un jour l’idée d’utiliser des pièces de l’industrie électronique
– à la fois pour leur valeur plastique
– et aussi pour leur valeur technique.
Par exemple, j’ai créé un poste de radio qui serait aussi autre chose qu’une boite à sons. Voici un rouleau compresseur qui est à la fois un engin de travaux publics, avec des haut-parleurs ovales qui représentent ses chenilles d’où sortent les sons de la musique du poste de radio choisi.
Le “rouleau compresseur ” radio
RÉVÉLATION :
Cette poussière me suggère le principe d’un disque d’images. C’est un dispositif actionné par un haut-parleur qui anime des particules au rythme de la musique. Ici, celui pour l’étude de Chopin n° 3.
Les paillettes évoluent sur l’image d’un lac. Parfois elles glissent. Parfois elles s’envolent ! C’est mes premiers pas dans l’univers du “Mouvement”
Le spectacle est projeté sur grand écran par un épiscope. Jean-Christophe Averty, précurseur de l’art vidéo en France, croise le chemin de Georges de Cuzey et apprécie le travail.
1975 – 1980
Sculptures cinétiques (Mouvements aléatoires)
A cette époque, je découvre les mouvements aléatoires de quelques œuvres de TINGUELY.
Je suis fasciné par le paradoxe suivant :
Comment une mécanique associée au mouvement régulier d’une bielle qui l’agite, produit parfois des effets imprévisibles, variables, qui expriment l’essentiel même de la vie ?
Je cherche à créer des mécaniques animées de mouvements réguliers qui se libèrent de leur fatalité répétitive pour basculer dans l’aléatoire. Je cherche et je trouve finalement. Mais le résultat visuel est décevant. Coincé, acculé dans une impasse, j’applique en désespoir de cause visible, le principe d’inversion.
Je peins en noir toute la mécanique. Elle conserve ses effets aléatoires. Je peins une petite partie de la construction, ici, et une autre, plus loin, avec de la peinture fluorescente. J’éclaire à la lumière noire. Et alors, ne voyant plus toute la mécanique mais seulement certaines de ses parties, le jeu aléatoire entre elles est fascinant.
François MORELLET m’a demandé d’échanger une de ses œuvres avec celle que je lui présentais. L’image à droite présente le dispositif qui transforme le mouvement régulier d’une bielle actionnée par un moteur en générateur de mouvements aléatoires des bielles qui dépendent d’elle et pivotent autour des axes A et B.
Voyez plus loin comment après avoir peint en noir toute la construction à l’exception de certaines de ses partie recouvertes de peinture sensible à la lumière noire, le spectacle devient fascinant.
Après avoir appris à créer des mouvements aléatoires qui se déplacent dans un plan, j’essaie d’aller plus loin.
Quelle solution était possible ? Que je passe du plan dans l’ESPACE.
J’imagine donc des structures mobiles qui se déplacement dans l’espace. Je les agite avec une espèce de bras qui crée un volume de liberté où les structures qu’elles animent se déplacent dans tous les sens. Remarquez qu’aucun des axes secoués par C n’est parallèle aux autres.
Inutile de dire que si ce n’est pas facile de créer des mouvements aléatoires qui se déplacent dans un plan, obtenir des effets aléatoires dans l’espace est encore plus difficile. Une consolation : je ne crains pas d’être copié !
Depuis 1980
LE PIANO A DESSINER (PIADESS) : PRINCIPES
A l’occasion de la création d’une nouvelle sculpture mobile, Georges de Cuzey observe qu’une de ses pièces en mouvement décrit un ovale.
«C’est un des signes fondamentaux du dessin. J’imagine que d’autres dispositifs mécaniques devraient mettre à ma disposition la gamme complète des signes fondamentaux du dessin. Comment garder la trace de ces formes de base ? Avec un crayon solidaire des déplacements mécaniques qui produisent ces signes.»
J’observe qu’une partie de la mécanique décrit l’ovale E, E1, E2, E3. Il est donc est possible de générer des signes avec de la mécanique. Pourquoi ne permettrait-elle pas de construire un instrument à dessiner ?
Je réalise cette idée avec un premier prototype fait de bric et de broc. Il permet de dessiner des ovales, plus ou moins grands, d’espacer plus ou moins les traits qui les composent et de les positionner sur une feuille de papier. Autrement dit, c’est un instrument rudimentaire. D’autres mécaniques me permettront de disposer des autres signes fondamentaux du dessin.
Voici défini le principe d’un Piano à dessiner, ou PIADESS. Il serait au graphisme ce que le piano est, pour les sons, à la musique.
Le premier Piano à Dessiner
Adieu l’aléatoire ! Georges de Cuzey bascule dans une nouvelle logique créatrice ! Bonjour le déterminé ! Il précise et affine encore par la suite sa réflexion sur ce nouveau type d’instrument.
Il comporterait, comme un piano, un “pupitre de commande” (clavier graphique) dont l’action sur chacune de ses touches génèrerait les éléments fondamentaux du dessin. Chaque signe graphique obtenu par l’action d’une touche du clavier, ligne droite, cercle, courbe, etc. serait :
- modelé à volonté ( forme, dimensions, etc. )
- déplacé ( en vitesse, en direction, etc. )
- associé à d’autres dans l’esprit d’une composition graphique……
Georges de Cuzey conceptualise une œuvre qui lui confère les moyens de créer un espace visuel composé de « Mélodies graphiques » dont il sera le maître, seconde par seconde, tout au long de leur développement.
La liberté d’expression, chère à l’artiste, serait aussi grande que celle du pianiste qui joue une partition en actionnant les touches du clavier d’un piano et ses pédales.
Malgré les carences du premier prototype, Georges Frank de Cuzey constate que la matière obtenue par le dessin de sa première mélodie graphique présente des qualités plastiques évidentes.
«Manifestement je peux espérer obtenir de bien meilleurs résultats avec un instrument plus performant. Mais j’étais incapable d’améliorer les performances de mon prototype. J’ai donc cherché à faire participer à mon aventure un homme qui avait les compétences techniques me permettant d’aller plus loin.»
1998
LE PIANO A DESSINER
ROUSSEL – FRANK de CUZEY
Ici entre en scène la ville de MONTAUBAN et le professeur Philippe ROUSSEL, du lycée technique Antoine BOURDELLE.
Les problèmes pratiques soulevés par la réalisation de son idée « simple » dépassaient les compétences techniques et informatiques de Georges de Cuzey. Le professeur Philippe Roussel, du lycée technique Antoine Bourdelle de Montauban pensant que le projet est un bon sujet d’étude pour l’enseignement technique qu’il dispense, décide de rejoindre le projet de Georges de Cuzey.
Il réalise un premier prototype de Piano à dessiner électromécanique et un autre prototype électromécanoinformatique avec son logiciel.
Dès lors, des MÉLODIES GRAPHIQUES sont composées avec deux types d’instruments uniques au monde, sans rapport avec les logiciels de conception graphique du commerce. Ils sont constamment perfectionnés. Leurs possibilités graphiques sont illimitées.
Il réalise avec ses élèves un instrument qui ne ressemble en rien aux systèmes de création graphique existants à ce jour. Il perfectionne constamment le PIADESS avec des versions mécaniques et mécano informatiques.
De cette collaboration décisive nait une reconnaissance infinie à l’égard de cet enseignant remarquable. Et Georges de Cuzey de confesser : « Sans lui, rien de ce que je crée ne pourrait être vu. »
Le PIADESS est une étape importante de l’évolution des recherches plastiques de Georges de Cuzey. Celles-ci sont animées par une seule passion : celle du mouvement ou des déplacements de signes qui ont pour matière la lumière.
De Cuzey résume son parcours artistique par ces mots :
« J’ai commencé par représenter statiquement le mouvement dans une des phases de ses déplacements. Je l’ai exprimé dans sa totale réalité dynamique, avec les disques d’images et comme sujet de sculpture mobile animée de mouvements aléatoires. J’ai imaginé un instrument de création graphique, le PIADESS, qui utilise la forme des déplacements de certains éléments de ces sculptures comme générateurs de signes. Le professeur Philippe ROUSSEL a réalisé des prototypes constamment perfectionnés grâce auxquels j’ai basculé du monde des sculptures mobiles à celui d’instrument de création graphique avec lequel je compose des mélodies. Ah, la passion du mouvement ! »
Souvenirs de Voyage
Les Mélodies graphiques
Voici les mélodies graphiques que j’ai composées dernièrement avec la version informatique du dernier prototype du PIADESS. Les tirages sont faits par Henri ESPIE de l’atelier INFORVISION de TOULOUSE. Sabine CHANCEL ajoute la couleur à mes mélodies.
Si le travail création de Georges de Cuzey s’étend sur plus d’un demi-siècle de réflexions, inventions et inspirations, ce n’est que récemment que ses œuvres ont commencé à être exposées dans de grandes galeries d’art !
DEMAIN
RETOUR DE L’ALÉATOIRE ASSOCIÉ AUX MÉLODIES GRAPHIQUES
La passion du mouvement n’a pas fini de questionner Georges de Cuzey. De nouvelles explorations sollicitent encore et toujour sa curiosité. Comment associer, au spectacle mobile de mouvements aléatoires, la richesse statique d’une mélodie graphique crée avec le Piadess ?
C’est là le sujet des recherches actuelles de Georges de Cuzey où le tableau à deux dimensions devient théâtre en trois dimensions, avec son décor, sa scène et ses personnages.
Le leitmotiv de l’artiste s’exprime en ces mots :
“Créer, c’est explorer. Pour moi, c’est tout simplement VOYAGER avec un esprit curieux de voir ce qui existe sous la première vision du réel qui ne me satisfait pas.
Je la révèle progressivement par une suite de questions dont la réponse m’introduit par étapes dans un pays nouveau à visiter. La fin d’une étape déclenche une nouvelle question suite à une découverte faite en cours de route.
Ainsi, au fil des ans, je vais d’un pays à l’autre. J’apprends pendant mes visites la langue de chacun d’eux !
Oui, la RÉPONSE à une QUESTION m’enseigne la langue d’un monde nouveau. Par exemple quand je vois que de la poussière au fond du cône d’un haut parleur bouge au rythme de la musique, je me demande comment ( question ! ) créer un spectacle intéressant avec la particularité qu’a un haut-parleur non seulement d’émettre des sons mais aussi, visuellement, de déplacer des particules…
Presque toujours, je ne sais jamais au départ où je vais. Je cherche à le savoir par des interrogations !
Par une question, je provoque l’inconnu. Je m’acharne à le découvrir. Et je trouve ! La passion d’explorer avec son extrême tension mentale donne finalement à mon esprit la faculté de voir l’invisible et de dialoguer avec lui. Ainsi, lorsque je constate que de la poussière présente au fond du cône d’un haut-parleur se déplace au rythme de la musique j’imagine un dispositif audio visuel, le DISQUE D’IMAGES. De questions en réponses, je crée un dispositif qui fait évoluer des cygnes sur le décor d’un lac ! Tout ça à partir d’une simple poussière !
Explorer, découvrir, révéler !
L’acharnement qui m’anime pour questionner et chercher des réponses qui s’enchaînent me conduit fatalement à voir l’invisible et à basculer du “côté d’ailleurs”. Je découvre ainsi des pays que je révèle aux touristes curieux de voir en esthètes des horizons nouveaux.”